Dakar – L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a récemment lancé l’indice de stabilité, un outil d’évaluation simple, comparable et fiable du niveau de stabilité des zones accueillant des populations déplacées dans le Bassin du Lac Tchad. Cet indice fournit aux autorités gouvernementales, à l’OIM et à d’autres agences des Nations Unies des orientations plus précises en matière d’aide humanitaire, de mise en œuvre de programmes visant à faciliter la réinsertion des populations touchées par des crises humanitaires et d’adoption de politiques en faveur du développement durable. Pour la première mise en œuvre de cet outil en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’OIM a choisi le Bassin du Lac Tchad, zone frontalière avec le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria et en proie à des attaques de groupes armés non étatiques depuis 2009.

La collecte des données de l’indice de stabilité a été effectuée dans 1 912 localités dans les quatre pays du Bassin du Lac Tchad en mars et avril 2021, par le biais d’entretiens avec des dirigeants locaux et des représentants des populations déplacées et des communautés hôtes ayant une connaissance approfondie de chaque localité. Les résultats de l’exercice indiquent que dans toutes les localités où les enquêtes ont été menées dans le Bassin du Lac Tchad, les facteurs liés à la sûreté, à la sécurité et à la cohésion sociale ont eu la plus grande influence sur le sentiment de stabilité des personnes interrogées. En outre, les résultats ont confirmé l’importance d’une programmation ciblée et adaptée à la fois dans les zones les plus stables et les moins stables : en mettant simultanément en œuvre des projets visant à fournir une aide d’urgence dans les zones moins stables et des politiques de développement et de consolidation de la paix dans les zones plus stables, avec en perspective l’amélioration significative et durable de la stabilité dans l’ensemble du Bassin.

Les crises sécuritaires n’ont pas le même impact dans toutes les zones, certaines bénéficiant de niveaux de stabilité, de sécurité et de résilience plus élevés que d’autres. Par conséquent, l’identification des zones stables est essentielle à la résolution des crises humanitaires. Elle permet de mettre en œuvre une réponse multidimensionnelle comprenant une aide directe aux populations, la fourniture de services et le renforcement de la présence de l’État, tout en favorisant des relations intercommunautaires plus fortes, des opportunités de subsistance, des investissements privés et en stimulant l’activité économique dans ces zones, répondant ainsi aux besoins humanitaires tout en s’attaquant aux facteurs de conflit et d’instabilité souvent à l’origine des crises. L’indice de stabilité a été mis en œuvre pour la première fois dans le contexte de la crise affectant le Bassin du Lac Tchad qui, bien que caractérisée par des attaques armées, des catastrophes naturelles et les déplacements massifs de population inhérents, découle de causes profondes et structurelles.

L’indice de stabilité a été mis au point pour identifier les zones où les conditions nécessaires à un développement durable sont réunies afin d’appuyer des réponses intégrées et d’identifier des domaines thématiques d’intervention, dans le but de faciliter le retour durable des populations déplacées dans leurs communautés d’origine et de prévenir de futurs déplacements forcés. L’indice de stabilité recueille également des données sur 37 indicateurs - définis après consultation d’experts - sur un large éventail de sujets, notamment l’accès aux recours juridiques, la cohésion sociale, les conditions de vie quotidienne, l’accès aux moyens de subsistance, les services de base et la présence d’agents publics. Les indicateurs sont regroupés pour obtenir un seul « score de stabilité » qui détermine le niveau de stabilité dans chaque zone. Les données sont collectées régulièrement pour permettre l’analyse des changements dans le temps et mieux comprendre l’évolution des conditions de vie dans les communautés évaluées. En outre, l’indice mesure la résilience des communautés accueillant des populations déplacées, met en évidence les vulnérabilités structurelles persistantes et identifie les facteurs contribuant à la stabilité dans les zones évaluées. Ce faisant, il permet aux acteurs impliqués dans l’aide humanitaire, le développement, l’élaboration des politiques et la résolution pacifique des conflits de mettre en œuvre des programmes et des politiques adaptés pour renforcer la stabilité dans les zones touchées par les conflits. Dans sa prochaine phase, l’indice de stabilité s’étendra à la région du Liptako Gourma limitrophe du Burkina Faso, du Mali et du Niger, où il permettra de mesurer la stabilité, la fragilité et la mobilité dans la région en vue d’une paix et d’un développement durables. Un exercice pilote est en cours de réalisation.

Consultez le rapport sur l’indice de stabilité du bassin du lac Tchad.

Des rapports sont également disponibles pour chacun des quatre pays du Bassin du Lac Tchad : Cameroun, Tchad, Niger et Nigéria.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Alpha BA, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations en Afrique de l’Ouest et du Centre : aba@iom.int.