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Une nouvelle ruée vers l'or à Agadez : quand l'eau devient un luxe pour les populations rurales

Hadijita va chercher de l'eau dans un village voisin. Photo : OIM

"Quinze kilomètres représentaient la distance à parcourir pour aller chercher de l'eau dans un village voisin. Pendant la saison sèche, nous devions en parcourir trente. Les femmes et les enfants passaient la majeure partie de leur journée à chercher de l'eau. C'était notre combat quotidien pour avoir de l'eau potable", raconte Adoum Alhousseini, chef du village pastoral de Tagaza, dans la commune de Tchirozérine, à 120 kilomètres au nord de la ville d'Agadez au Niger.

Située au cœur du Sahara, la région d'Agadez, dans le nord du Niger, qui s’étend sur plus de 667 000 kilomètres carrés, est la plus vaste du pays. 

Le bétail boit de l'eau pendant qu'un homme se lave le visage. Photo : OIM

Selon la Banque Mondiale, les températures au Sahel augmentent 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde. Au Niger, les experts prévoient une hausse des températures de trois à six degrés d'ici 2100.

Les populations rurales sont les plus touchées par le changement climatique et la dégradation des terres. À Agadez, une région déjà aride, l'eau est devenue un luxe pour de nombreuses communautés des zones rurales. Selon une nouvelle étude de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), la ressource naturelle la plus affectée par le changement climatique à Agadez est l’eau.

Dans le village isolé de Tagaza, l'accès aux services publics de base, dont l'eau potable, est très limité.

"Notre nappe phréatique est très profonde, elle est située sous une couche de roche, ce qui rend l'accès à cette eau presque impossible", déclare Alhousseini.

À Tagaza, deux forages étaient utilisés pour fournir de l'eau potable au village et aux communautés voisines, y compris à leur bétail. Cependant, les points d'eau ont cessé de fonctionner au fil du temps suite à des pannes répétées. Les populations ont été contraintes de chercher de l'eau dans les villages voisins. 

 

Des femmes vont chercher de l'eau. Photo : OIM

"Notre nappe phréatique est très profonde, elle est située sous une couche de roche, ce qui rend l'accès à cette eau presque impossible", déclare Alhousseini.

À Tagaza, deux forages étaient utilisés pour fournir de l'eau potable au village et aux communautés voisines, y compris à leur bétail. Cependant, les points d'eau ont cessé de fonctionner au fil du temps suite à des pannes répétées. Les populations ont été contraintes de chercher de l'eau dans les villages voisins. 

"Nous n'avions pas assez d'argent pour créer un nouveau forage, ni réparer ceux qui ne marchaient plus, nous devions donc parcourir des dizaines de kilomètres à dos d'âne pour aller chercher de l'eau, parfois pour découvrir des puits asséchés", ajoute Alhousseini. 

Le réservoir des forages. Photo : OIM

Pour survivre à la saison sèche, les communautés ont priorisé leur consommation d'eau potable, négligeant les autres usages de l'eau. 

"Les gens du village manquaient même d'hygiène personnelle. On n'avait pas assez d'eau pour donner à boire à nos enfants, alors comment l'utiliser pour se doucher ? ", raconte Moumouna.  

En janvier 2022, à la demande des communautés via le maire de Tchirozerine, l'OIM, à travers son programme de stabilisation communautaire à Agadez, a réhabilité les forages de Tagaza. Aujourd'hui, 29 villages de la commune de Tchirozérine s'approvisionnent en eau à partir de ces forages, ce qui représente plus de 8 000 personnes au total.

Lorsqu'on lui demande comment les communautés ont vécu la rénovation des forages, Alhousseini répond : "C'est comme une personne handicapée qui retrouve ses jambes et réapprend à marcher".

La réhabilitation des puits de forage a également stimulé l'économie de Tagaza et contribué à l'autonomisation des femmes. 

Tata Ibrahim donnant un bain à ses enfants. Photo : OIM

"Avant, nous passions toute la journée à aller chercher de l'eau, mais maintenant nous avons le temps de travailler. Nous pouvons générer des revenus, en transformant le lait en fromage, en faisant de la couture ou même du maraîchage, une activité que nous n'aurions jamais pu imaginer faire avant", explique Ghissa Hadjijata, une femme de la communauté.

"Tagaza est devenu un véritable carrefour puisque nous fournissons de l'eau aux villages environnants. C'est désormais un lieu où des centaines de personnes et d'animaux passent chaque jour, offrant ainsi une grande opportunité de commerce aux habitants", explique Alhousseini. 

"Nos vies ont complètement changé", conclut-il.

Ces témoignages matérialisent les alertes liées à l'impact du changement climatique sur la dégradation des terres dans les communautés rurales. Les programmes de stabilisation communautaire de l'OIM, financés par le Fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique de l'Union européenne (FFUE), le Fonds de consolidation de la paix des Nations unies (UN PBF) et l'Agence française de développement (AFD), ont réhabilité ou construit cinq forages dans différentes zones de la région d'Agadez entre juillet 2021 et janvier 2022. Ces forages ont permis à plus de 14 000 personnes d'accéder à l'eau potable. 

Cet article a été rédigé par Aïssatou Sy, Responsable de l’information publique à l'OIM Niger.