La région de Tahoua, située au centre-ouest du Niger, est frontalière du Mali au nord. Dans cette zone, des groupes armés non étatiques ont régulièrement mené des attaques meurtrières au cours des dernières années. La commune rurale de Tassara, dans le nord de la région, abrite quelque dix mille personnes déplacées de force qui ont trouvé refuge dans la commune.

Située à la jonction du Sahara et du Sahel, Tassara connaît chaque année de faibles précipitations ; les ressources naturelles dont dispose la population locale sont limitées. Avec l'arrivée d'un nombre croissant de groupes déplacés, les conflits autour des ressources naturelles ont augmenté.

Pour prévenir et atténuer le risque de conflits inter et intra-communautaires, le Programme de cohésion communautaire du Niger, dirigé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis en place trente comités de paix dans trente villages de Tassara. Chaque comité est composé de quatre membres : le chef du village, un leader communautaire, un représentant des jeunes et un représentant des femmes.

Au total, 120 membres de la communauté ont été désignés pour former les comités de paix dans la commune de Tassara, dont 30 femmes, qui ont été formées sur leurs rôles et responsabilités en tant que membres des comités de paix, les techniques de communication avec les communautés et la prévention des conflits.

Ces comités, qui servent de plateforme aux communautés pour partager leurs préoccupations et leurs besoins, utilisent des mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits tels que la négociation, la médiation et le "cousinaged à plaisanterie" pour renforcer la cohésion sociale. En outre, la nature inclusive de ces comités réduit le sentiment de marginalisation de certains groupes sociaux souvent laissés à l'écart du débat public, comme les jeunes, les femmes ou les minorités ethniques.

"Lorsque des personnes creusent des puits sans consulter la communauté, par exemple, cela peut provoquer un conflit, notamment entre agriculteurs et éleveurs. Le comité de paix intervient pour trouver un compromis", explique Kamae.

Kamae est l'un des chefs de village de la commune de Tassara. Il est également membre du comité de paix mis en place dans son village.

"A la fin de la saison des pluies, l'herbe est haute, et le risque d'incendie est grand", raconte Kamae, se souvenant d'un différend résolu par le comité de paix.

Un jour, un éleveur a campé dans la zone de pâturage avec ses animaux et a provoqué un feu de brousse. Tout le monde s'est mobilisé pour arrêter le feu, mais un affrontement a éclaté entre lui et la communauté. Nous sommes intervenus en tant que membres du comité de paix et lui avons expliqué que l'herbe profite à tout le monde et qu'il doit faire attention. Sinon, lui, ses animaux et le village n'auraient pas assez à manger. Il s'est excusé auprès de la communauté et est allé camper ailleurs", explique-t-il.

"Les gens se sentent plus en sécurité grâce à ces comités qui contribuent à préserver la paix dans notre village, ce qui est important pour nous car, sans la paix, la vie est impossible. Nous avons déjà résolu de nombreux conflits depuis la création du comité", affirme Kamae.

Entre juillet 2020 et décembre 2021, 210 comités de paix ont été renforcés et/ou créés dans différents villages de Diffa, Tillabéri et Tahoua grâce au Programme de cohésion communautaire au Niger.

Avec le soutien du ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, du Service des instruments de politique étrangère de la Commission européenne, du Bureau des affaires africaines du Département d'État des États-Unis et du Fonds pour la consolidation de la paix, l'OIM cherche à accroître la cohésion et la résilience des communautés face aux conflits, à l'insécurité et aux menaces des organisations extrémistes violentes et à renforcer leur confiance dans les autorités locales et les structures étatiques.