À la recherche du chez-soi : Matios, un réfugié éthiopien au Niger, se prépare à poser sa valise au Canada

À Niamey, la capitale et plus grande ville du Niger, Matios, un réfugié éthiopien de 28 ans, s’apprête à s’envoler pour le Canada. Après quatre ans d'attente, il est prêt à être réinstallé dans le pays nord-américain, impatient d'écrire un nouveau chapitre de sa vie.

Le voyage de Matios a commencé à 4 891 kilomètres de Niamey, dans la ville de Gondar, au nord-ouest de l'Éthiopie, où il était agriculteur.

« Avec le recul, ma décision de quitter la maison à 22 ans n'a pas été facile. J'ai laissé derrière moi deux parents, un frère et une sœur. Nous travaillions ensemble, en famille, à la gestion d'une ferme. Mes parents n'aimaient pas du tout l'idée que je quitte le pays. J'ai ressenti le besoin de quitter la maison parce que je voulais un meilleur avenir. Quand le moment est venu pour moi de partir, je n'en ai informé personne », raconte Matios.

Il s'est embarqué sur la route de la Libye, confiant son destin à des passeurs. Après un séjour de quelques mois au Soudan, il poursuit ensuite son voyage pour rejoindre la Libye.

À la recherche du chez-soi : Matios, un réfugié éthiopien au Niger, se prépare à poser sa valise au Canada

« Je me suis rendu au Soudan à pied avec un groupe d'autres jeunes Éthiopiens, et les passeurs nous ont convaincus de poursuivre notre voyage vers l'Italie. Après quelques mois au Soudan, j'ai gagné assez d'argent pour traverser le Sahara jusqu'en Libye. Le voyage a été désastreux, nous étions dans un véhicule bondé, il n'y avait pas assez d'eau, et nous étions tous déshydratés sous la chaleur brutale du désert du Sahara. Mais le pire était encore à venir », explique Matios.

Les rêves de Matios de rejoindre l'Europe ont été brisés lorsqu'il a été arrêté en Libye.

« J'ai été emprisonné pendant une année entière lorsque je suis arrivé en Libye. Je n'aime pas me souvenir de mon séjour en prison, mais je me souviens très bien du vide total que j'ai ressenti lorsque j'ai été libéré. Sans l'abri fourni par le HCR en Libye, suivi d'un voyage au Niger sous le statut de réfugié, je ne sais pas à quoi aurait ressemblé ma vie après ma detention », ajoute-t-il.

Matios a été transféré au Niger au centre de réfugiés du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Hamdallaye, dans la région de Tillabéri.

« J'ai vécu dans le centre pendant quatre ans au Niger. Il n'y a pas grand chose à faire à Hamdallaye, mais l’assistance reçue m’a permis de tenir le coup. J'ai eu un sentiment d'appartenance et je me suis fait des amis pendant le séjour », raconte Matios.

Après quatre ans passés au centre, Matios était heureux d'apprendre sa réinstallation au Canada. Avant son départ, il est transféré dans un centre de transit à Niamey où il passe des examens médicaux et participe à des séances d’orientation avant son départ organisés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« J'ai beaucoup appris sur le pays grâce aux séances d'information organisées par le personnel de l'OIM au centre. J'ai été surpris par la taille du pays, qui est le deuxième plus grand du monde. Je me suis également familiarisé avec la culture canadienne, son passé marqué par le respect des libertés civiles, ainsi que l'environnement de travail et les possibilités d'emploi du pays », explique-t-il. 

Même si sa vie a pris un tournant inattendu, Matios pense que l'expérience qu'il a acquise ces dernières années lui permettra de bâtir une nouvelle vie une fois arrivé au Canada. Il a également un plan de cheminement professionnel clair qui l'aidera à prendre un nouveau départ.  

« Une fois au Canada, je veux d'abord apprendre la langue et participer à des programmes d'étude pour adultes avant de postuler à un emploi. Je suis prêt à apprendre n'importe quelle compétence pour m'aider à gagner ma vie », conclut-il.

Au Niger, l'OIM et le HCR travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement pour permettre la réinstallation des réfugiés. Au 31 octobre 2022, et depuis le lancement du mécanisme d'évacuation d'urgence (ETM) en 2017, un total de 5 017 réfugiés ont quitté le Niger vers des pays tiers dans le cadre de la réinstallation ou par des voies complémentaires. Parmi eux, 3 493 personnes, ont été évacués de Libye par le biais de l'ETM et 1 524 réfugiés ont été enregistrés dans le système national d'asile au Niger. Sur les 4 063 personnes évacuées de Libye vers le Niger depuis novembre 2017, 666 personnes évacuées sont toujours à Niamey dont 42 réfugiés en attente de départ et 211 en attente d'entretiens et de décisions par des pays tiers.