Les ondes de la paix : la radio communautaire de Tillia favorise la cohésion sociale

Tillia – « Je ne pense pas que vous puissiez trouver une autre radio comme celle-ci ailleurs dans la région de Tahoua », déclare Attawane Abeytane, le maire de la ville de Tillia. « Elle a un impact considérable sur la consolidation de la paix et la cohésion sociale ; elle éduque, sensibilise et facilite un échange entre les différents acteurs de la communauté ».

Le 15 septembre 2021, la radio communautaire de Tillia a repris vie après une interruption de cinq ans, avec des programmes du matin au soir axés sur différents sujets, tels que la culture, l'actualité, le divertissement et la sensibilisation à l'importance de la cohésion sociale et aux dangers des groupes extrémistes violents, entre autres. 

Tillia, située au nord de la région de Tahoua, à la frontière du Mali, a connu des niveaux de violence croissants ces dernières années, avec des groupes armés non identifiés proférant des menaces et des attaques.

Dans ce climat, les radios communautaires jouent un rôle crucial dans la stabilisation de la communauté. Elles touchent un large public et sont accessibles aux personnes isolées par leur situation géographique, les conflits, l'analphabétisme ou la pauvreté.

C’est dans ce contexte que la radio communautaire de Tillia a été lancée à l'automne 2009, dans le but de créer un espace de communication pour les différentes communautés et de promouvoir la coexistence pacifique. Mais en 2016, la station a dû fermer ses portes en raison de difficultés opérationnelles et financières.

« Avec le soutien du Programme de Cohésion Communautaire du Niger (PCCN), nous avons réhabilité les locaux de la radio pour qu'ils soient aux normes, et résolu les problèmes d'électricité grâce à l'installation de générateurs qui nous permettent de continuer à émettre en cas de coupure de courant. Le nouvel émetteur de 150 watts a également amélioré les signaux de la radio qui peut désormais couvrir jusqu'à 40 à 45 kilomètres. Avant, nous atteignions à peine 10 ou 11 kilomètres », explique Alhousseini*, le directeur de la radio, qui est également l'un des fondateurs.

Entre mars et septembre 2021, la NCCI, en collaboration avec la municipalité de Tillia, a réhabilité la tour de radio, construit une clôture et une latrine, et équipé le bâtiment de panneaux solaires et d'un panneau de visibilité. En outre, la station a été soutenue avec du mobilier, du matériel informatique et un système de sonorisation complet afin de redynamiser l'unique station de radio du département de Tillia.

« Toutes les conditions sont réunies pour que la radio fonctionne à nouveau et mène des séances de sensibilisation et des débats sur la coexistence pacifique et la prévention des conflits », explique M. Alhousseini.

La radio touche désormais environ 30 000 villageois et ses émissions sont diffusées en arabe, en haoussa, en fulani et en tamashek, les langues les plus couramment parlées par la population locale.

« Nous avons souvent des nouvelles des villageois des environs qui suivent les débats animés à la radio, surtout la nuit », raconte Jamilou avec enthousiasme. L'initiative donne aux membres de la communauté la possibilité de partager leurs points de vue et leurs opinions. « Parfois, ils nous contactent même pour suggérer des thèmes. Aujourd'hui, plus de vingt villages et hameaux autour de Tillia écoutent la radio », ajoute Alhousseini.

L'équipe de 12 a reçu une formation sur la gestion de la radio, les techniques d'enregistrement des programmes interactifs, le rôle des journalistes dans la diffusion de l'information, l'éthique, le traitement des données et la gestion de l'information.

« Nous sommes dans une ère où l'information est cruciale. Cependant, l'information, si elle est mal gérée, peut devenir une malédiction. C'est pourquoi cette formation arrive au bon moment. Nous sommes en pleine crise. Nous devons savoir comment traiter et diffuser l'information », ajoute M. Alhousseini. « Nous savons désormais comment traiter les informations fournies par une communauté vis-à-vis d'une autre afin d'éviter les conflits intracommunautaires et de renforcer la coexistence pacifique ».

*Le nom a été modifié pour protéger l'identité de la personne interrogée.