La région d'Agadez est la plus vaste du Niger, couvrant une superficie de 667 799 kilomètres carrés. Située dans le désert du Sahara, la région a un climat sec et aride. Elle est peu peuplée, avec 647 252 habitants en 2022 (selon le Conseil régional d'Agadez). La région étant vaste et les infrastructures limitées, l'accès aux services de base pour les communautés des zones les plus reculées est difficile.

Dans le cadre de son programme de stabilisation communautaire, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) soutient la résilience des communautés hôtes le long des routes migratoires à Agadez en renforçant la cohésion sociale, les moyens de subsistance et l'accès aux services publics. A cet effet, l'OIM a identifié des relais communautaires qui assurent la mise en œuvre et le suivi des activités du programme. Présents dans toutes les communes de la région d'Agadez, les relais couvrent également les zones les moins accessibles de la région. Mohamed, Ahmed et Mamadou sont des relais communautaires dans les communes de Gougaram, Dannet et Ingall. Aujourd'hui, ils partagent leur quotidien et leurs défis sur le terrain.

Je dois me rendre régulièrement sur les différents sites.

Mohamed Ihy Atchaghol - Gougaram (distance de la ville d'Agadez : 170 kilomètres)

"Je suis un relais communautaire dans la commune rurale de Gougaram. Je suis basé à Gougaram, et je couvre 30 villages environnants. Je vérifie si les activités du programme se déroulent bien et j'aide les comités de suivi communautaire à mettre en œuvre les activités. Je rédige également des rapports sur les activités, en les illustrant avec des photos. L'accès aux sites n'est pas facile. Certains sites sont très éloignés, notamment ceux où des membres de la communauté exercent des activités génératrices de revenus (AGR) dans le cadre du programme de stabilisation communautaire. Je suis obligé de me rendre régulièrement sur les différents sites pour guider les communautés qui mettent en œuvre des AGR dans la mise en place et la gestion de leurs projets. Il faut parfois parcourir 45 kilomètres d'un site à un autre, d'autres sont à 50 kilomètres ou même 90 kilomètres de distance l’un de l’autre. Les routes sont vraiment en mauvais état, et il faut généralement une heure pour faire 20 kilomètres."

Ahmed AG Abakada - Commune de Dannet (distance de la ville d'Agadez : 225 kilomètres)

"Je suis l'interface entre la population et le programme de stabilisation communautaire à Dannet. Je veille à l'organisation des réunions du comité de pilotage qui ont lieu tous les mois. Mis en place dans chaque commune d'Agadez, le comité identifie les projets que le programme de stabilisation communautaire peut financer pour soutenir la résilience des communautés. Le programme de stabilisation communautaire est mis en œuvre dans 32 villages de Dannet. La commune de Dannet est relativement grande, puisqu'elle couvre 48 618 kilomètres carrés. Par conséquent, nous avons des zones d'intervention situées à 150 kilomètres de la ville principale de la commune, soit six heures de route. La distance est une réelle contrainte lors des visites de terrain pour rencontrer les communautés et collecter des informations sur les activités menées dans le cadre du programme de stabilisation communautaire. En moyenne, j'effectue une visite de terrain dans les villages d'intervention trois à quatre fois par mois. La communication est également souvent compliquée. Nous avons des interruptions régulières du réseau téléphonique. Pas d'appels, pas d'internet. Par exemple, nous pouvons rester deux à trois jours sans réseau téléphonique, des jours entiers où nous sommes coupés du monde.

Mamadou Amadou - Assamaka (commune d'Ingall) (distance de la ville d'Agadez : 451 km)

« Assamaka est une zone stratégique car elle est située à la frontière avec l'Algérie, et un grand flux de migrants passe par cette zone. Mais les opérations sont souvent difficiles car nous avons du mal à communiquer avec le 'monde extérieur'. Le réseau téléphonique est très instable et peut être interrompu pendant des jours. Comme pour tout le monde dans cette région, la distance est un énorme défi. Nous avons trois hameaux d'intervention distants de 60, 70 et 80 kilomètres les uns des autres, nous voyageons au moins trois heures pour nous rendre dans un village. Je visite chaque village une fois par mois. Malgré ces défis, je suis fier de dire que nous arrivons à faire notre travail correctement, et c'est sans prétention que je peux dire que les liaisons communautaires sont un pilier essentiel du succès du programme de stabilisation communautaire. Nous sommes fiers de contribuer au bien-être des communautés hôtes et des migrants. »