Histoire

Pendant des mois, Houmeira Moussa Garba, 26 ans, s'est rendue chaque semaine à son agence locale de soutien à l'insertion professionnelle, l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi (ANPE), dans la deuxième ville du Niger, Maradi. Là, elle s'asseyait avec un conseiller d'orientation professionnelle, recherchait les emplois disponibles et, surtout, restait motivée dans sa recherche d'emploi.

« Lorsque j'étais au chômage, je me rendais à l'ANPE presque tous les trois jours, » raconte Houmeira. « J'y ai appris les techniques de recherche d'emploi et à rédiger mon CV et ma lettre de motivation. »

Bien qu'elle eût récemment obtenu son baccalauréat, Houmeira s'est retrouvée dans une situation similaire à celle de nombreux jeunes Nigériens - pleine d'ambition et de compétences, mais avec des perspectives d'emploi limitées. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), 23 % des Nigériens âgés de 15 à 29 ans sont au chômage.

Pour d'autres, comme Houmeira, les chiffres semblent s'accumuler contre eux. Le Niger connaît l'une des croissances démographiques les plus rapides au monde, avec un taux de 3,8 pour cent par an, ce qui exerce une pression sur son économie et la nécessité de soutenir sa jeune population. C'est déjà un défi, avec plus de 500 000 jeunes qui entrent sur le marché du travail du pays chaque année, selon la Banque mondiale.

L'investissement dans la jeunesse améliore les perspectives d'emploi pour les jeunes du Niger

Malgré une croissance économique récente, le Niger fait partie des pays les moins développés du monde selon l'indice de développement humain. D'autres facteurs, tels que les effets néfastes du changement climatique et les défis en matière de sécurité, ont également freiné la croissance socio-économique, brossant un tableau sombre pour la jeunesse du pays.

En conséquence, certains jeunes Nigériens ont quitté le pays à la recherche de meilleures opportunités économiques. Bien que les statistiques soient difficiles à obtenir, la politique nationale de migration du pays a clairement établi le lien entre l'emploi et la migration, en identifiant la nécessité de créer des emplois décents pour les jeunes comme l'une de ses nombreuses stratégies. La création d'emplois permet de s'assurer que les jeunes Nigériens bénéficient d'opportunités économiques orientées vers le développement du pays, et réduit également les risques de migration irrégulière.

« La question de l’emploi en général et particulièrement l’emploi des jeunes reste et demeure une préoccupation majeure de tous les instants, pour les responsables politiques au plus haut niveau, les structures en charge de l’insertion professionnelle des jeunes, leur instance en l’occurrence le conseil national de la jeunesse et d’avantage pour les parents, » a déclaré Ibrahim Nahantchi, le directeur général de l'ANPE. « Le nombre important de jeunes diplômés qui viennent chaque année sur le marché du travail sans perspectives à court et moyen termes vu que les offres d’emploi sont nettement inférieures aux demandes d’emploi, interpelle tous les acteurs à la réflexion et à l’action pour trouver des mesures appropriées pour y faire face, » a-t-il ajouté.

Les décideurs politiques ont donc tourné leur attention vers l'investissement dans la création d'emplois comme moyen de s'assurer que les jeunes Nigériens ont des opportunités économiques qui sont à la fois orientées vers le développement du pays - et éloignées de la migration irrégulière.

Depuis fin 2017, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) soutient cet effort en développant les capacités de l'ANPE grâce au projet de 12 mois « Soutenir les jeunes avec des centres de conseil en emploi efficaces et efficients au Niger », financé par le fonds de développement de l'OIM. Avec huit bureaux répartis dans tout le pays, l'agence est chargée de fournir des conseils en matière d'emploi et un service de placement, en travaillant avec les employeurs et les jeunes pour placer les gens dans les bons rôles.

« En renforçant le rôle de l'ANPE par le biais d'un soutien technique et d'un équipement adéquat, l'OIM soutient le gouvernement en facilitant les conditions d'employabilité des jeunes. Elle contribue ainsi à fournir des alternatives à la migration irrégulière en créant des mécanismes efficaces d'intégration sur le marché du travail pour les jeunes au Niger, » déclare Seve Diomande, chef de mission ad interim de l'OIM au Niger. « L'Organisation considère l'intégration des jeunes comme une composante essentielle d'une stratégie efficace et globale de gestion des migrations qui favorise l'inclusion sociale et les bonnes relations entre les différents groupes, contribuant ainsi à la création de sociétés diverses, inclusives et cohésives. »

L'investissement dans la jeunesse améliore les perspectives d'emploi pour les jeunes du Niger

Le projet visait à soutenir l'effort d'expansion de l'ANPE - à la fois dans la qualité de l'orientation professionnelle, mais aussi dans le nombre de placements. À cette fin, les centres ont été dotés de nouveaux équipements informatiques et une formation a été dispensée au personnel qui, à son tour, aide les jeunes Nigériens à rédiger leur lettre de motivation, les accompagne lors des entretiens d'embauche et les oriente vers des formations professionnelles pertinentes.

C'est lors d'une de ses visites à l'ANPE que Houmeira a découvert une possibilité de stage dans une pharmacie. Ce stage lui a donné le coup de pouce dont elle avait besoin, en lui fournissant une formation à la vente et aux techniques paramédicales. Dans le cadre de la convention, le stage s'est ensuite transformé en un emploi à temps plein.

« L'agence [ANPE] m'a aidée parce que lorsqu'elle a signé le contrat, elle a informé le directeur du bureau qu'il devait embaucher le stagiaire après le stage, » a déclaré Houmeira, qui travaille maintenant comme vendeuse dans la même pharmacie.

Houmeira est une des plus de 19 000 jeunes, pour lesquels le projet a réussi à obtenir des emplois dans le secteur privé depuis son lancement fin 2019. Grâce à cet effort d'élargissement des partenariats avec le secteur privé, le travail est souvent mieux rémunéré et peut répondre aux aspirations des jeunes.

Depuis le lancement du projet, 46 378 jeunes ont sollicité une orientation professionnelle dans les agences régionales de l'ANPE et 19 052 ont trouvé un emploi grâce au soutien qu'ils ont reçu de l'agence.

En mettant l'accent sur l'orientation professionnelle et la formation, le projet vise également à accroître les possibilités d'emploi pour les jeunes Nigériens et, ce faisant, à atténuer la migration irrégulière. La prochaine étape consistera à intensifier cet effort - un processus continu - et, ce faisant, à transformer un défi démographique en un dividende démographique.